Antonio Gliubich apparait pour la première fois dans les actes de l’Eglise de l’Immaculée Conception de Thessalonique.
Il semble qu’il soit né dans cette ville, vers 1760, quoi que nous n’ayons pas trouvé trace de son baptême dans les enregistrements de la Paroisse.
On le retrouve ensuite lors de son mariage avec Elizabeth Abbott en 1790. L’acte nous révèle que Antoine est négociant vénitien. Sa signature permet de penser qu'il a reçu une éducation soignée
La présence du consul de Venise, de Choch ainsi que du chancelier de la même République, Giovanni Salatovich, enfin de Giovanni Vianello, marchand vénitien dont il est l’associé, atteste de liens importants avec Venise.
Le prêtre signale qu’il a été « pris par surprise », et que les époux se sont donné leur foi à la fin de la messe, alors qu’il allait prononcer la bénédiction. Il n’y a donc pas eu de publication des bans.
Existait-il donc une urgence lors de ce mariage ?
Celui qui semble être le premier enfant du couple, Gaspard, meurt en 1793. Mais rien n’indique son âge à son décès et nous n’avons trouvé aucune naissance dans les actes, car la collection est lacunaire. Il ne nous est donc pas possible de savoir si le couple avait intérêt à procéder rapidement à une mise en ordre de ses affaires matrimoniales.
Existait-il un empêchement ?
Rien ne permet de dire qu’il y avait un quelconque lien de parenté entre les futurs conjoints.
L’origine slave d’Antonio pourrait laisser penser qu’il pourrait relever de la religion orthodoxe. Mais il ne faut pas oublier qu’il est marchand vénitien, et si le lien avec le groupe familial Jublich est exact, il est indiscutablement catholique, et c’est pourquoi il choisit cette paroisse pour se marier.
Elisabeth de son côté est orthodoxe, ainsi qu’il en sera témoigné par les ennuis qu’elle aura ultérieurement avec le curé Carapelli. C’est donc elle qui pose problème lors de cette union.
Le couple a tout simplement, et fort probablement, tenté de passer outre les soucis causés par les tracasseries administratives relatives aux demandes de dispenses, avec la complicité des autorités administratives dont le marié relevait.
On le retrouve ensuite un autre témoignage de son existence en 1797, comme témoin lors du mariage Bertelli-Pratesi.
Antoine décède peu aprés, le 8 juillet 1798. Si la date indicative de sa naissance, sur laquelle nous n'avons aucune certitude, est exacte, il est alors agé de 33 ans.
Il est inhumé le lendemain.
Le texte de l’enregistrement de sa mort est extrêmement succinct, quoique le curé Carapelli ait été très proche du mourant pendant ses derniers jours.
Nous apprenons qu’Antoine est enterré à Urendgik, village proche de Salonique où se trouvaient les demeures des européens ou leurs maisons de campagne, et où probablement vivait la famille à cette époque de l'année.
Peu avant sa mort, et probablement malade, il avait rédigé un testament avec l’aide très active du curé Carapelli, lequel était obsédé par sa haine de la religion orthodoxe (donc de l'épouse Elizabeth Abbott, et par l’héritage du futur défunt.
Désigné par le testament curateur des 2 enfants vivants, il s’ingéniera à récupérer l’usufruit des biens d’Antoine, la veuve l’accusant de manœuvres dans ce but et à son seul profit, afin de remédier à sa propre indigence. Ce testament a fait l’objet d’un interminable procès.
Des trois enfants connus du couple (Gaspard, Hanne et Pierre) seul Pierre arrivera à l’âge adulte.